La nécessité du scandale, version FSSPX

Face à la multiplication des scandales, la Fraternité Saint Pie X change de communication : le scandale serait nécessaire, Bible à l'appui. Comprenez : c'est normal, tout va bien.

8/11/20253 min lire

Alors qu'une nouvelle vague de canicule frappe l'Europe de l'Ouest, la FSSPX nous assome de sa doctrine plutôt que de rester au frais. La leçon du jour : "la nécessité du scandale", par l'Abbé Pierre-Marie Laurençon. En tant qu'ancien supérieur du district de France, nous avons face à nous un véritable expert en la matière.

Nous vous partageons une partie des définitions évoquées par le bon Père Laurençon :

le scandale est un « fait immoral, injuste et révoltant » en lui ajoutant ensuite l’application qu’en fait le catéchisme : « qui fournit au prochain une occasion de ruine spirituelle »

Cette définition n'est pourtant pas celle appliquée par les prédateurs de la FSSPX puisque, lorsqu'ils reconnaissent à demi-mot leurs exactions (comprenez viols, abus, violences, manipulations), ils "regrettent les scandales [qu'ils] ont causé". Première omission du Père Laurençon.

Omission qui prend des airs de justification quand, au détour d'un paragraphe, on nous explique que "les trahisons des fidèles et des prélats qui sont tièdes ou méchants… les vicissitudes bouleversantes de cette (situation de l’Eglise) ne sont pas un scandale pour notre foi dans l’amour". Mots de l'abbé Camel, référence du XXème siècle pour nos amis de la Fraternité, et leurs satellites de Fanjeaux, qui sont au coeur de l'actualité.

Si vous êtes scandalisés par ces propos, rassurez-vous, l'abbé Laurençon vous comprend : "Malheureusement, cette deuxième explication du Père Calmel ne correspond que trop à l’actualité qui révèle les turpitudes de ceux qui (et jusque dans nos propres rangs !) profanent leur sacerdoce et leur consécration à Dieu en abusant odieusement de la jeunesse. On peut trouver ici de quoi consoler et réconforter les si douloureuses victimes de tels méfaits en leur présentant évidemment l’argument de manière opportune et bien adaptée aux cas particuliers."

Nous travaillons en tant que collectif depuis 3 ans, et pour certains d'entre nous plus de dix ans, auprès de victimes, et nous n'avons jamais vu qui que ce soit être réconforté par "la nécessité du scandale" une fois sa vie brisée par ceux qui sont censés former, accompagner, encadrer des jeunes garçons et filles. Cette approche, véritablement scandaleuse, nous démontre que la FSSPX est encore très loin d'avoir perçu les enjeux et la gravité des actes de ses prêtres.

Lecteur, rassurez-vous, la parole divine a la réponse à nos mots accusateurs : "que celui qui n'a jamais pêché jette la première pierre" rappelle l'article. L'exigence d'un châtiment "immédiat", entendez le défrocage et la mise hors d'état de nuire, c'est-à-dire en prison, de violeurs d'enfants, doit être "modérée" d'après l'ancien supérieur de District !

Nous sommes régulièrement interrogés, par des fidèles, des journalistes, des personnes qui découvrent l'univers de la Fraternité Saint Pie X. On nous demande si nous voyons des changements dans la manière d'agir de la FSSPX. Cet article nous montre qu'il n'y a aucun changement d'état d'esprit concret.

La Fraternité indiquait se doter d'une charte. Personne ne l'a jamais vue. Dans cette publication sur la Porte Latine, on parle d'empêcher la récidive. Pas très efficace. Demandez à Patrick Groche, Damian Carlile, Philippe Peignot, Frédéric Abbet, Pierre de Maillard, Arnaud Rostand et leurs centaines de victimes. Les abus sexuels sont tellement omniprésents que la page Wikipédia sur les abus dans la FSSPX est quasiment aussi longue que celle à propos de l'Eglise de France !

A la lumière de ces éléments, nous continuerons à être indignés, avec nos "mouvements de vindicte". Ce sont eux qui ont mis au jour, et mis hors d'état de nuire, une petite partie des agresseurs qui, aujourd'hui encore, disent la messe, donnent le catéchisme et reçoivent les confessions. Aucune explication pseudo-théologique n'arrêtera ce combat.